vendredi 5 août 2022

  LA POUPEE QUI DIT OUI.


J’ai fait un rêve.
Je suis super beau et jeune, je suis pété de fric, je dors dans une chambre de palace. A l’étage supérieur, une jeune femme a corps de rêve se prélasse elle aussi dans un grand lit où je vais la rejoindre bientôt… Je me réveille graduellement. Dans un demi-sommeil, je me dis que ce rêve
de Bogoss est à ma porté et ça me remplit d’extase.
En émergeant un peu plus, je me rappelle que j’ai 63 ans. Ma libido n’est plus ce qu’elle était. Et puis, j’ai eu une maison en Drôme Provençale : je l’ai revendue parce que sa gestion me pesait et je n’avais plus beaucoup de plaisir à m’y rendre. De plus, j’y ai invité des amis et ça ne s’est pas très bien passé.
Je ne suis pas très séduisant et je ne pense pas non plus été un amant très talentueux. Je n’ai jamais apprécié les « coups » d’un soir. Encore moins les professionnelles. Ah, le mythe de la « Pretty Woman », il a bon dos !
Quant aux articles de luxe, c’est une chose qui ne m’a jamais intéressée.
J’ai eu une « belle bagnole » une fois, et en ai ressenti un plaisir très limité et très vite épuisé.

Au fur et à mesure que mon rêve se dissipe, il me parait de plus en plus étranger. Ce n’était pas mon univers.
Et là, la sensation de plaisir n’en devient que plus grande.
La morale, c’est que j’ai construit qui je suis aujourd’hui. J’ai accédé à une forme tout-à-fait acceptable de bonheur.
J’ai tenu une librairie pendant 33 ans qui a vraisemblablement apporté du plaisir à une grande quantité de clients et souvent à leurs enfants.
Je vis à présent à la campagne dans une modeste maison avec jardin, que je loue, avec responsabilités limitées et quasi aucun tracas. Moins que le minimum syndical.
Je me lève et me couche quand je veux, je fais des siestes autant que je veux : j’en ai besoin, mais je m’y suis résigné.
J’écris, je peins, je lis, je fais des longues promenades zen. J'ai une chienne que j’aime et qui m’aime sans doute, et une chatte qui ronronne quand je la caresse.

Pour la libido, j’ai perpétué un système qui m’a très bien servi jusqu’ici : je fantasme et je regarde des vidéos porno.
Il y a deux ans, j’ai croisé une jeune femme dans le bus qui m’a complètement « retourné ». On a discuté pendant 10 minutes pas plus et, avec le peu d’info que j’ai pu glaner, j’ai réussi à la retrouver sur FB (elle avait un prénom super pas commun) mais elle n’a pas répondu à mon invitation au contact.
Elle a dû croire que j’étais un vieux pervers : elle avait 26 ans. Et si je le suis ? Qu’importe. Je suis inoffensif. J’en suis convaincu, en tout cas.
J’ai pensé à elle, rêvé d’elle, espéré d’elle pendant des semaines.

Plus près de nous, j’ai flashé sur une chanteuse norvégienne de 23 ans, Sigrid. Pendant des mois, j’ai écouté ses chansons, regardé ses clips : quel bonheur, quelle jouissance !
En février dernier, j’ai eu l’occasion incroyable de la voir en concert à Lausanne. Avant de m’y rendre, la fonction « Fantasme » a tourné à plein régime.
J’ai imaginé qu’en plein show je ferai un malaise. On m’évacuait dans sa loge et, après le concert, elle venait prendre de mes nouvelles, elle me tenait la main, et je lui avouais tout et elle en était émue.
Ridicule ? Sans doute. Mais ce fantasme est encore présent en moi et il me suffit de l’évoquer, comme ici, et le plaisir resurgit.
En vrai, je n’ai pas perdu connaissance, et le concert a parfaitement répondu à mes attentes. Sigrid for ever ! :D

Quand au porno, il n’y a pas grand-chose à en dire : j’ai mes favorites et je fais régulièrement une fixation sur l’une ou l’autre.
Il y a des années, j’ai réussi à me convaincre que j’en avais croisé une chez Manor !
Rentré à la maison, j’ai vérifié, et ce n’était pas elle. Mais pas du tout, hein ! :D

Dans plein de domaines, projets de voyages, apprendre à voler, gastronomie, reprise d’une carrière, je me nourris de fantasmes, au point que je considère que je n’ai plus besoin de réaliser de rêves dans la réalité.
Steven Spielberg a expliqué son interprétation du film « A.I. ». Ce n’est pas la relation d’amour d’une mère pour son fils qui prime, mais l’onde d’amour qui transite de l’un à l’autre. La différence est subtile, mais je vis tous les jours avec ce principe métaphysique.

J’aime des rêves et ceux-ci me le rendent bien.



Sigrid n'attend que moi.

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