mercredi 1 août 2018


THE MAN WHO KILLED DON QUIXOTE/ L’HOMME QUI TUA DON QUICHOTTE  de Terry Gilliam (2018) ((SPOILERS))

Quelle déception! Quel ennui! Quel pensum!

La première pensée qui vient à la vision de ce désastre est : comment un film qui a muri (on pourra dire pourri) aussi longtemps peut-il avoir un scénario aussi mal fichu ?

Le concept de base est déjà super casse-gueule : un jeune homme qui a débuté sa carrière avec un film d’étudiant adaptant le roman de Don Quichotte retourne dix ans plus tard près du lieu de tournage initial, en Espagne, pour tourner…. Une pub (ce n’était pas clair pour moi avant la dernière partie) qui adapte le mythe de Don Quichotte. Pris de nostalgie, il se rend dans le village même du film original et retrouve son premier acteur principal… qui croupit à présent dans une espèce de baraque de fête foraine miteuse et n’a cessé depuis de se prendre pour le chevalier errant. Dès lors, le jeune réalisateur est happé dans son délire.

Le gros défaut à ce stade c’est que les délires commencent très tôt dans le film, même avant la rencontre avec « Don Quichotte ». Le réalisateur est-il donc déjà fou avant ces retrouvailles ? Faut-il comprendre que c’est le roman de Cervantes qui est à l’origine de la folie de ceux qui s’en approchent de trop près ? Gilliam, le modèle flagrant de son héros, est donc fou depuis 20, 30 ans ou plus ?
Mais surtout, dès que les délires s’installent, ça n’arrête plus et se renouvelle très peu, et ce n’est ni spécialement drôle ou beau ou… rien.

Par contre, Gilliam donne de multiples preuves qu’en 50 ans de carrière (!), il n’a vraiment rien appris de la technique cinématographique. La caméra penche sans cesse à droite et à gauche, les changements de focales sont incessants, les séquences s’enchaînent sans transition d’un lieu à l’autre,  le film étouffe dans les changements d’atmosphères, de costumes, de masques, d’acteurs pour les mêmes personnages, et on nous balance des feux d’artifices, des projecteurs dans l’objectif, du stroboscope (si, si, même ça !).
C’est beaucoup de bruit visuel et accessoirement sonore.

C’est ensuite un chapelet interminable de poncifs et de clichés dramatiques et réactionnaires : les producteurs et les financiers sont des gros méchants immondes, les femmes ne sont que des objets désirables, pour moitié au moins vénéneux, et des prostituées (!), les vieux sont séniles, les jeunes pleins de fougues et valeureux, etc…

Et puis évidemment, on pioche un peu dans l’actualité : les musulmans terroristes, Trump, les oligarques russes,  les éoliennes… tiens, les éoliennes (oui, des moulins) : il y en a beaucoup mais Gilliam ne sait pas comment les intégrer dans son trou noir narratif.

Le casting… C’est surtout Adam Driver, le héros, qui fait tache. Il n’attire aucune sympathie ou même empathie. Il est juste insignifiant. Jonathan Pryce en Don Quichotte : parfait. Joana Ribero en Dulcinée : très belle, très charmante. Oscar Jaeneda en double, gitan et grimaçant, de Driver: très bien aussi.
Les autres, gros bof général. Faible bilan.

Le plus triste, c’est que depuis son « Fear and Loathing in Las Vegas » en 1998 (que j’ai adoré), Gilliam patauge dans la semoule. Et il raconte finalement toujours un peu la même chose depuis son… tout premier long-métrage en solo ? Aucun souvenir de « Jabberwocky » (1977) en fait, sinon que c’était pas très bon non plus. Mais « Munchausen », « Brothers Grimm », "
The Imaginarium of Doctor Parnassus", « Tideland » «  Zero Theorem »…. Que de déceptions indigestes.
N’y a-t-il donc personne pour relire les scénarios de Gilliam, le conseiller sur les tournages, lui suggérer un peu de retenue dans ses folies, gérer son rythme narratif, effectuer des coupes, lui faire retourner des scènes loupées ?

Apparemment pas. 

3/10


Affiche promo pour un projet avorté de 2008!