LE MEILLEUR CONCERT DE MUSIQUES DE
FILMS !
J’ai assisté le samedi 27 Mars 2024 au meilleur concert de Musiques de Films de
toute mon existence, « The Fantastic Worlds of Elmer Bernstein »
Ou, en étant raisonnable, un des meilleurs, car soyons honnêtes, il comportait
QUELQUES faiblesses. Mais des petites choses, presque rien. Mais quand même.
LES PLUS .
Je commence par du lourd.
Toute la programmation était consacrée à un seul compositeur, Elmer Bernstein !
Les seules autres concerts auxquels j'ai assisté avec des sélections d’un compositeur unique étaient de John
Williams (4 concerts), Jerry Goldsmith (3 concerts), Michel Legrand, Maurice
Jarre et Vladimir Cosma. Les deux
premiers étaient globalement d’une qualité supérieure (Williams au Barbican à
Londres dirigeant le London Symphony Orchestra, c'est imbattable) ou
globalement égale, et les trois derniers nettement plus faibles, même si
dirigés par les compositeurs attitrés.
Dans le cas du présent concert, deux avantages indéniables : Les
œuvres sélectionnées appartenaient tous à la même période des années 80, sauf une, « Wild Wild West » (1999) , et toutes aux genres
Fantastique et Science-Fiction.
Dans les autres concerts, on sautait vaillamment d'un genre à l'autre et d'un style musical à l'autre.
Donc, ici on est resté stylistiquement dans des univers proches, épiques, angoissants,
magiques, avec quelques échappées comédiques, western et...disco (oui). Cette dernière tendance, chez Bernstein comme chez d'autres de la même période, piquait les oreilles. Je m'en serais passé.
Et maintenant, la plus grosse qualité, la plus incroyable, la plus
hallucinante.
Tous les concerts auxquels j’ai assistés jusqu’à présent étaient constitués à
une écrasante majorité, voire exclusivement, de thèmes de génériques ou sinon de morceaux de… moins de 10 minutes.
Ca provoque une expérience assez pénible sur la durée, où l’on saute sans arrêt
d’un genre à l’autre et d’un univers émotionnel à l’autre.
Les cas les plus graves : ceux de Goldsmith comprenaient des compilations de thèmes de séries TV et de films très inintéressants. Faire suivre 30 secondes de "Basic Instinct" par 30 secondes de "Poltergeist" (2 de ses plus belles compositions), c'est vraiment honteux.
Ici, seuls deux morceaux de durées nettement inférieures aux autres : »Spacehunter » (4 :30) et « The American
Werewolf in London » (6 :55). Le reste faisait entre 20 et 30 minutes !
On continue dans le lourd : une des musiques me tenait particulièrement à cœur, le film et son
univers sonore m’ayant traumatisé dans ma jeunesse. « The American Werewolf… », dont le défaut est que le film contient peu de musique. Selon « Youtube », environ 7
minutes, avec plusieurs redites.
https://www.youtube.com/watch?v=rWqlPWoY8FU&list=PLZLTKRc6yNiTLxS4Bb3tJ8441JXQiHm8r&index=1
Ici, on nous a gratifié de passages inédits, jamais entendus dans le film, très chargée, très noirs et dramatiques.
Peut-être l'étaient-ils trop pour le film qui laissait une large place à la comédie.
Autre moment fort : une longue suite tirée d’un film obscur de 1989, une
des toutes meilleurs musiques de Bernstein, du niveau de « Heavy
Metal »: "Slipstream".
L’orchestre jouerait-il mon passage favori :
« Avatar ». Oui! Allégresse !
https://www.youtube.com/watch?v=EWOG39pGnEQ
Pour l'anecdote, ce long métrage a pour ainsi dire mis fin à la carrière du producteur des deux premiers "Star Wars". Il a essuyé plusieurs échecs commerciaux à la suite et "Slipstream" étant le plus grave, il ne s'en est pas relevé.
PLUS ET MOINS :
Souvent, en concert, la musique est jouée avec projection du film, ou on nous montre des séquences du film pendant l’exécution
des morceaux.
Je n’aime pas beaucoup.
Pendant une projection de ce type du « Vertigo » de Hitchcock, je me
suis franchement ennuyé dans les passages non musicaux: je n'aime en fait pas trop le film.
Sinon, les images ont le navrant défaut de distraire de la musique. Et donc on commence par s’émerveiller de la qualité du son, puis graduellement on oublie
qu’il y a un orchestre et finalement même qu’il y a de la musique. Super
frustrant, surtout quand on a payé « bonbon » pour l’expérience.
Pendant le Concert Bernstein, rien de tout ça.
Sur presque tous les morceaux, les formes géométriques qui se promenaient sur
le mur derrière l’orchestre avait un effet légèrement hypnotique du plus bel effet.
Et sur « Slipstream », moment fort je vous dis, la
surprise : la salle s’éteint et un
« light-show » assez incroyable débute.
Seulement voilà : les faisceaux de lumière projetés étaient à mon avis des
lasers, et ils n’ont cessé d’être braqués directement dans nos yeux !
Douleurs dans le crâne et parano m'ont poussé à me couvrir très vite les yeux. Et tant pis pour le show !
https://www.facebook.com/reel/929689611803910
LES MOINS.
Sur le morceau d’ouverture, « SPACEHUNTER », pas d’intro ni
explications. Comme je ne le reconnaissais pas la musique (honte), j’étais un petit peu irrité.
Que j’avais tort !
Car une espèce de clown est
venu assurer la présentation de chaque morceau suivant. Et c’était long ! Et pas drôle ! Vraiment pénible.
En plus, quelques erreurs, dont une absurde : selon lui, la fin de
« American Werewolf… » est un « happy end » où le héros
survit et revient à sa forme humaine.
Heu… non ? Elle est en fait super dramatique.
Après le concert, je l’ai croisé : j’aurais pu le frapper. Je suis comme
ça.
L’acoustique de la salle m'a paru par très appropriée. Certaines salles favorisent les réverbérations : les
cathédrales sont l’exemple le plus extrême. D’autres, comme les studios
d’enregistrement, et les salles de cinéma, tiens, tiens, absorbent les sons, neutralisant
les écho indésirables.
Et là, au Bâtiment des Forces Motrices, sur les passages très chargés, la
majorité, je trouvais que ça avait une tendance à saturer.
Les responsables pourraient prévoir l’accrochage sur les murs et/ou sur le
plafond, de mousses absorbantes quand c’est nécessaire. Trop compliqué, trop
cher ?
UN PLUS ET UN MOINS EN MÊME TEMPS, MAIS FINALEMENT QUAND MÊME UN PLUS.
Entre deux morceaux, le chef s’est tourné vers nous et a fait la seule
déclaration de la soirée.
En substance : « Il y a dans cette salle une personne sans
qui ce concert n’aurait jamais eu lieu…. »
J’aurais aimé que ce soit moi…
« Il y a bien longtemps, quand j’avais 14 ans, je me rendais les samedi
après-midi… »
Ah ?
« …dans une librairie qui vendait de la Musique de Films… »
Boudieu, mais c’est moi, ça ! Mais comment ?
« … c’était la Librairie du Cinéma. »
C’était pas moi.
(Pour ceux qui ne le sauraient pas, j'ai dirigé une librairie spécialisée pendant 33 ans, le "Paradoxe Perdu" où je vendais comme "la Librairie du Cinéma" des musiques de films.)
Il a ensuite expliqué comment ce librairie l’avait patiemment guidé et lui conseillé les meilleures musiques.
Il a invité l’homme en question sur scène, l’a enlacé et… lui a remis un Oscar du
Meilleur Libraire !
Une réplique en plastique évidemment mais c’est l’intention qui compte, le
geste !
J’étais finalement très ému, parce que, ça aurait pu être moi; j’ai tenu un rôle similaire avec certains de mes
clients, pour la musique et dans d'autres domaines !
ET UN GRAND MERCI
Pour ne pas terminer en demi-teinte, je réitère combien cette soirée m’a comblé.
L’orchestre et son chef Thierry Besançon se sont largement montrés à la
hauteur.
A bientôt pour le prochain spectacle !
https://bande-son.ch/concert/the-fantastic-worlds-of-elmer-bernstein/