Michel & Tom Tirabosco: Dessine-moi un concert.
Pour la 1ère fois depuis des mois… depuis plus de deux ans, je suis
allé au spectacle !
Ma première motivation était de voir Michel Tirabosco jouer de la flûte avec son frère Tom au dessin sur scène, encore
plus motivé par la proximité de l’évènement : la Salle des Fêtes de Thônex.
Une demi-heure à peine à pied de chez moi, un peu moins si je parvenais à
prendre le bus 34, de passage toutes les 30 minutes.
Mais juste avant de partir, catastrophe ! Ce n’est pas à Thônex que ça se
passe, mais à Onex, à l’autre bout du canton !!!
C’est juste trop tard pour le bus, j’appelle donc un taxi, et j’y devrais y
être avec au moins 15 mn d’avance.
Seulement, le taxi n’arrive pas, où à une heure où j’aurai presque forcément du
retard.
Mais, miracle, j’y arrive, même si je suis mal placé. Je suis assis tout
derrière, et avec ma myopie, je me fatigue vite à essayer de déchiffrer les
dessins. Mais j’y arrive.
C’était objectivement très très bien : Michel, accompagné d’un sextet,
joue divinement, ses musiciens aussi assurent à merveille et les dessins de Tom
qui apparaissent graduellement sur un écran pendant les morceaux, c’est
magique.
Mais voilà, entre ma fatigue légendaire à assister à des spectacles (j’avais tellement
oublié), le son un peu trop fort à mon goût et les maudits applaudissements, je
suis assez rapidement passé en mode critique.
Premier morceau : « The Piano » de Michael Nyman (non crédité)
et après coup, Michel l’annonce comme « La Pianiste » ! Mais
non, bordel ! :D (En français, le film s'appelle "La Leçon de Piano:)
Mais surtout, dès les premières notes, Tom nous gratifie…d’une réinterprétation
d’une image du film (je viens de vérifier). Donc, il n’improvise pas sur la
musique et pas ne compose pas forcément un dessin original. C’est étudié, préparé, sûrement répété.
Je ne le sais pas à ce moment-là, mais à chaque morceau qui passe, ça se confirme :
il commence à composer son tableau dès les premières notes et surtout…. Il le termine pile à la fin de l’œuvre jouée !
Trop fort :D
Mais bon, personne n’a dit qu’il improvisait : je suis juste un peu déçu
de le constater.
Suivent du Vaughn Williams. du Bartòk et du Rachmaninov (l’un sur un très bel
appel à la paix dessiné avec une sensibilité proche de Chagall), trois compositeurs que j’aime beaucoup, et
surtout une interprétation étonnante du sublime « Gabriel’s Oboe » (sans
haut-bois, héhé…) tiré de « Mission » de Morricone. Le moment le plus
faible de la soirée : « Les Aristochats » de Floyd
Huddleston et Al Rinker (simplement crédité à "Disney" qui n'était pas musicien et déjà mort lors de la production du film; à ce moment, on crédite "Star Wars" à la Fox.). Ont suivis 2 tangos de Carlos Gardel (superbe dessin de clôture !
Je veux ! :D ) et finalement, un air traditionnel italien « Funicula
Funiculi », mais là, j’étais complètement lessivé.
Dans le tram du retour, je me trouvais près de deux couples (+ ou – 25 ans) totalement enthousiastes face au spectacle auquel ils avaient assisté.
Pendant 20 minutes, ils n’ont parlé que de ça. Ils avaient été super émus par
le tout. Un des hommes avait plusieurs fois eu la larme à l’œil. Il y avait une fraîcheur dans leur élan qui me réjouissait.
Mon regard devait être prioritairement posé sur le visage d’une des femmes. Que
dis-je, le visage ! Les yeux et l’ébauche de sa coiffure sur le front,
rien de plus. Le reste était couvert par un maque et un bonnet, comme moi d’ailleurs.
A aucun moment je n’ai eu conscience de mon regard sûrement insistant.
A leur sortie, cet ange est passé tout près de moi, a plongé son regard dans le
mien, et a chuchoté, juste pour moi, juste pour moi : « Au revoir ».
J’ai à peine pris acte de l’intensité de ce message. J’étais loin loin, en mode
coma.
Mais une main dans mon esprit a saisi ce message et l’a fixé sur une paroi de
ma conscience, avec une note : « Pour plus tard. »
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